En 20 ans, le niveau de formation des jeunes entrant sur le marché du travail a fortement progressé. Mais, si la crise de 2008 a globalement dégradé les conditions d’accès au marché du travail, le diplôme conserve son caractère protecteur contre les risques de chômage
Entre 2001 et 2013, le taux de chômage des sortants de l’enseignement supérieur après trois années de vie active a doublé. Il s’établit à 13 % en 2013 (tableau 23.01). Cette croissance s’accompagne d’une baisse du taux d’emploi et d’une montée de l’inactivité, tirée par la hausse des reprises d’études. L’augmentation du taux de chômage est particulièrement forte pour la Génération 2010, qui subit les effets d’une conjoncture durablement dégradée par la crise de 2008. La part des emplois les plus qualifiés s’accroît (+ 6 points d'emploi cadre) tandis que la part des emplois stables se maintient, grâce à la hausse de l’emploi non salarié (tableau 23.02).
Les conditions d’accès des jeunes sortis sans diplôme de l'enseignement supérieur se dégradent fortement entre 2001 et 2013 : 23 % de ces jeunes actifs sont au chômage 3 ans après leur sortie du système éducatif contre 10 % en 2001. Comparativement aux jeunes sortis diplômés de l’enseignement supérieur, ils sont également les plus concernés par les reprises d’études, en proportion croissante (+ 13 points entre les Générations 1998 et 2010). De plus, les jeunes sortis sans diplôme qui occupent un emploi après trois années de vie active bénéficient des moins bonnes conditions d'insertion parmi l’ensemble des sortants. A l’exception de la rémunération, ces conditions se dégradent légèrement au fil des générations, en témoigne l’augmentation de la part des emplois occupés à temps partiel (+ 9 points).
Au niveau Bac + 2 (hors santé social), le taux de chômage à 3 ans a également très fortement progressé entre les trois générations (+ 9 points). En revanche, pour les jeunes en emploi, les conditions d’emploi ont relativement résisté. Par ailleurs, l’avantage des spécialités industrielles sur le marché du travail ne se dément pas d’une génération à l’autre. Les écarts observés entre spécialités industrielles et de service se sont même accrus entre 2001 et 2013, qu’il s’agisse du taux de chômage, de la part des emplois stables et de la part du temps partiel.
Avec la création des Licences professionnelles en 1999, la structure du niveau Bac + 3 s’est profondément modifiée entre les Générations 1998 et 2010, il en résulte une croissance du chômage plus modérée parmi les actifs à ce niveau de diplôme entre 2001 et 2013 (+ 4 points), en comparaison des autres niveaux. Sur cette période, les conditions d'emploi des détenteurs d'un Bac + 3 sont également plus favorables, notamment le taux d’emploi stable et la rémunération mensuelle. Cependant, l’augmentation du chômage accélère entre 2007 et 2013, en particulier pour les détenteurs d'une Licence professionnelle.
La structure du niveau Bac + 5 a également considérablement évolué entre la Génération 1998 et 2010, suite au passage au LMD. Les effets conjugués de la crise et de la croissance des effectifs diplômés à ce niveau participent de la forte augmentation du taux de chômage entre les Générations 2004 et 2010, notamment pour les diplômés de Bac + 5 universitaire dans les spécialités regroupées de sciences humaines et sociales et, les diplômés d’écoles de commerce. Si le niveau de qualification des emplois occupés est stable entre 2001 et 2013, la part des emplois stables décroît (- 5 points) à l’instar de la rémunération mensuelle médiane (- 210 euros).
Après trois années de vie active et malgré la crise de 2008, le taux de chômage des docteurs de la Génération 2010 atteint 5 %, il est inférieur à celui de la Génération 2004 (- 2 points). La part des emplois cadre des docteurs en situation d’emploi reste stable et élevée, et le niveau médian de leur rémunération ne faiblit pas et se situe désormais, pour la Génération 2010, nettement au-dessus de celui des diplômés Bac + 5. Néanmoins, la part des emplois stables, traditionnellement inférieure à celle des diplômés de Bac + 5 du fait de la singularité des carrières dans la recherche, a diminué de 8 points.
Entre les Générations 2001 et 2013, et après trois années de vie active, les différences de rémunération médiane selon le niveau de diplôme de l’enseignement supérieur s’estompent (graphique 23.03). Les diplômés de niveau Bac + 4 et surtout Bac + 5 ne bénéficient plus d’un écart de rémunération aussi élevé que par le passé, par rapport aux autres jeunes diplômés. On observe néanmoins une hausse du niveau de rémunération médian tous diplômes confondus entre 2001 et 2013, qui est imputable à un effet de structure, les effectifs de diplômés au niveau Bac + 5, étant proportionnellement plus nombreux.
Génération 2004 - Enquête 2007 sur la Génération 2004
Génération 2010 - Enquête 2013 sur la Génération 2010.
Pour citer cet article :
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23.01 Situation à 3 ans des jeunes sortis du système éducatif en 1998, 2004 et 2010 par type de diplôme (principaux indicateurs) (en %)
Génération 2004 - Enquête 2007 sur la Génération 2004
Génération 2010 - Enquête 2013 sur la Génération 2010
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23.02 Types de contrat de travail, niveau des emplois et part du temps partiel après trois années de vie par Génération et par type de diplôme (en %)
1 CDI, fonctionnaires et non salariés.
2 Professions intermédiaires.
Génération 2004 - Enquête 2007 sur la Génération 2004
Génération 2010 - Enquête 2013 sur la Génération 2010
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23.03 Rémunération médiane mensuelle 1 trois années après la sortie de l'enseignement supérieur (en euros constants juillet 2015)
1 Rémunération mensuelle nette médiane en euros constants (juillet 2015) (primes incluses, emploi salarié, y compris temps partiel).
Génération 2004 - Enquête 2007 sur la Génération 2004
Génération 2010 - Enquête 2013 sur la Génération 2010
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Traduction
23 - evolution of the first 3 years' career experience of young people from Génération 1998 to Génération 2010 - Boris Ménard