En 2017, 20 % des sortants du supérieur étaient en alternance à la fin de leurs études (en contrat d’apprentissage ou de professionnalisation) et 23 % y ont eu recours au moins une fois dans leur parcours de formation (
tableau 26.01a).
Les sorties d’études après une dernière année en alternance (« sorties d’alternance ») s’observent plus fréquemment dans des formations professionnelles courtes hors santé-social : 28 % ont lieu à l’issue d’un
BTS ou d’un
DUT et 18 % d’une licence professionnelle (avec ou sans diplomation), contre respectivement 21 % et 4 % des sorties de voie scolaire. Les alternants sortant de l’enseignement supérieur viennent aussi souvent de formations du supérieur long que leurs homologues sortant de la voie scolaire, et notamment de master. Ils sont surreprésentés à l’issue les écoles de commerce et les autres formations de niveau Bac + 5 par rapport aux sortants de la voie scolaire, qui sont eux plus fréquemment issus de doctorats (formations pour lesquelles l’alternance n’est pas possible).
Des différences s’observent selon l’origine sociale : les étudiants issus de ménage à dominante ouvrière sortent par exemple plus souvent d’une formation en apprentissage à l’issue de leur cursus dans l’enseignement supérieur que ceux dont les deux parents sont cadres (respectivement 24 % et 17 % d’entre eux) (
graphique 26.01b). Le niveau des formations de sortie varie lui aussi en fonction du milieu social. Ainsi, les sortants du supérieur dont les deux parents sont cadres viennent plus souvent de formations du supérieur long, qu’ils aient fini leur formation par voie scolaire ou par alternance (respectivement (64 % et 68 %), que l‘ensemble des étudiants toutes origines sociales confondues (respectivement 41 % et 43 %). À l’inverse, quelle que soit la voie de formation, les enfants de ménages à dominante ouvrière sortent bien moins souvent de formations du supérieur long. Ce constat est cependant moins marqué lorsqu’ils ont fini par une alternance : 33 % sont alors issus du supérieur long contre 26 % en sortie de voie scolaire.
Les jeunes issus d’un milieu social favorisé s’inscrivent davantage dans une trajectoire d’accès rapide et durable à l’emploi à durée indéterminée (
EDI) que les moins favorisés : 41 % des étudiants dont les deux parents sont cadres bénéficient de ce type de trajectoire contre 36 % de ceux issus d’un ménage à dominante ouvrière (et 30 % seulement des jeunes issus d’un ménage d’inactifs). Un passage par une alternance (en fin de formation ou plus tôt dans le cursus) permet dans tous les milieux sociaux de bénéficier d’un meilleur accès à l’
EDI, mais ce résultat est plus marqué pour les jeunes issus de ménages à dominante ouvrière (
graphique 26.02). Pour ces derniers, le fait d’avoir eu une expérience professionnelle de plus de 8 heures par semaine (hors alternance) durant la formation est également associé à un accès rapide à l’
EDI plus fréquent. L’alternance ou une expérience de travail conséquente en cours d’études permettent donc, pour les jeunes des milieux les moins favorisés, de pallier les différences observées en matière d’insertion par rapport aux sortants de milieu social très favorisé. Au point que les étudiants issus d’un milieu à dominante ouvrière qui ont eu recours à l’alternance ou qui ont eu une expérience professionnelle en cours d’études s’inscrivent plus fréquemment dans une trajectoire d’accès rapide et durable à l’
EDI que ceux dont les deux parents sont cadres, qu’ils soient passés par l’alternance ou uniquement par la voie scolaire, ayant travaillé ou pas pendant leurs études. Cependant, les jeunes de milieu modeste n’ayant pu bénéficier d’une expérience professionnelle conséquente pendant leurs études (travail de plus de 8 heures ou alternance) sont davantage démunis que les autres : à peine un quart d’entre eux accèdent de manière rapide et durable à l’
EDI.
Les effets croisés de l’alternance et de l’origine sociale perdurent dans le temps. Trois ans après leur sortie du système éducatif, 88 % des sortants du supérieur ayant eu recours à l’alternance sont en
EDI (
tableau 26.03), contre 73 % des sortants n’étant jamais passé par l’alternance. Cette plus-value de l’alternance est là encore contrastée selon l’origine sociale : elle est beaucoup plus forte parmi les enfants d’un employé ou d’un ouvrier ou de deux inactifs, par ailleurs globalement moins souvent en
EDI que les autres (et plus souvent sans emploi). À l’inverse, elle est beaucoup plus faible pour les enfants de deux parents cadres. Le recours à l’alternance parait donc lisser les inégalités d’accès à l’emploi comme à l’
EDI selon l’origine sociale.
À trois ans, parmi les jeunes en emploi, les anciens alternants touchent un salaire moyen supérieur à celui des autres sortants. Le bénéfice de l’alternance reste globalement stable selon l’origine sociale, si ce n’est qu’il est un peu plus important pour les enfants de ménage à dominante ouvrière et plus faible pour les enfants de ménage à dominante cadre. Il n’est pour autant pas suffisant pour gommer les inégalités : même en ayant été en alternance, le salaire moyen à trois ans des sortants de deux parents cadres demeure supérieur aux autres, en partie du fait qu’ils ont poursuivi plus fréquemment des études supérieures longues.