46 la France dans l'espace européen de la recherche via sa participation à H2020   

En une année et demie, la France a perçu 1,2 Md€ au titre de ses participations au programme-cadre européen Horizon 2020 en faveur de la recherche et de l’innovation. Avec 11,1 % des subventions allouées, la France est le 3e bénéficiaire des crédits européens en faveur de la recherche. Sa participation semble se consolider en comparaison à ses performances à la dernière année du précédent programme.

Le programme européen de financement de la recherche et de l’innovation Horizon 2020 succède au 7ème PCRDT pour la période 2014-2020. Pour ces sept années, l’Union européenne a prévu d’allouer un budget de près de 77 Md€, soit près d’1,5 fois le budget du programme précédent.

Entre janvier 2014 et juin 2015, La France a répondu à 133 appels à projets sur 148 et obtenu un taux de réussite de 15% soit 2,2 points de plus que le taux de réussite moyen. En matière de réussite, elle se place ainsi devant le Royaume-Uni et l’Allemagne (respectivement 14,4 % et 14,1 %) (graphique 46.01).

Avec 1,2 Md€, soit 11,1 % des financements alloués, la France se situe en troisième position des pays bénéficiaires derrière l’Allemagne (16,8 %) et le Royaume-Uni (15,4 %) (tableau 46.02). Cette performance se situe à un niveau équivalent par rapport à celle enregistrée sur l’ensemble du 7e PCRDT (11,5 %) (graphique 46.03a, graphique 46.03b), mais apparait en hausse par rapport à la seule année 2013 (10,1 %).

Alors que la Suisse était associée à l’ensemble des programmes du 7e PCRDT, elle a choisi de ne s’associer qu’au pilier « Excellence » du programme H2020. Ce désengagement implique une hausse mécanique de la performance des autres pays. Pour la France, le gain est de l’ordre de 0,3 point en matière de part des subventions attribuées aux partenaires français. Mais la progression des résultats français s’explique aussi par une meilleure participation globale des équipes nationales à H2020. En effet, la France compte pour 8,7 % de la demande totale de financement aux premiers appels Horizon 2020, ce qui la place en cinquième position des pays participants alors qu’elle n’atteignait que 7,9 % en 2013, dernière année du 7e PCRDT.

La France conserve sa première place dans le domaine de l’Espace. Elle est le principal bénéficiaire des financements alloués dans ce domaine (19,5 % des subventions pour 14,6% des participations) (graphique 46.04a, graphique 46.04b). En bioéconomie, les équipes nationales ont accentué leur implication. Cet effort se traduit par un financement accru de 6,3 points par rapport à 2013 (5,8 % des subventions).

Par contre la France perd sa position de leader dans le nucléaire (16,4 % des participations et 15,9 % des subventions) au profit de l’Allemagne (10,8 %, 22,6 %).

Dans la continuité du 7e PCRDT, la France est sous-représentée dans les défis liés aux sciences humaines. En effet, sa présence dans le défi « Sociétés inclusives » a peu évolué avec 4,5 % des participations et 5 % des subventions. Le recul important de la performance française dans le défi « Sociétés sûres » s’explique par une présence beaucoup plus importante que par le passé de sujets en lien avec les sciences humaines et sociales (par exemple étude des organisations, sociologie, psychologie, éthique, facteurs humains) auxquels la communauté SHS française ne répond toujours pas.

L’Allemagne constitue toujours le partenaire privilégié de la France (graphique 46.05). Les équipes allemandes sont présentes dans sept projets sur dix impliquant au moins une équipe française. La coopération franco-allemande est particulièrement forte dans le nucléaire (89 % des projets français associant au moins une équipe allemande) et la biotechnologie (84 % des projets). La coopération avec les équipes espagnoles en bioéconomie se renforce, 80 % des projets impliquant au moins un partenaire français associent une équipe espagnole.

Malgré l’amélioration de la part des financements obtenus par la France, la position française reste préoccupante en termes de taux de retour (tableau 46.02). Alors même que la contribution de la France au budget de l’UE a légèrement régressé entre 2013 et 2014, sur ce critère, la France se retrouve à l’issue de cette première année en avant-dernière position des 10 principaux pays participants à H2020.

Zoé Friant & Frédéric Laurent