La crise sanitaire a profondément bouleversé les conditions de vie étudiante. Durant l’année universitaire 2020‑21, les conditions de vie des étudiants se sont transformées selon l’évolution des mesures sanitaires prises au cours de l’année. Ces conditions évolutives ont particulièrement affecté le bien-être des étudiants. Une importante partie des étudiants a rencontré des difficultés d’ordre psychologique : 43 % des étudiants ont présenté les signes d’une détresse psychologique dans les quatre semaines qui précèdent leur réponse à l’enquête
graphique 18.01). Cet indicateur est en nette augmentation par rapport aux précédentes enquêtes : en 2019‑20, 29 % des étudiants présentaient les signes d’une détresse psychologique (30 % lors de la période du 1er confinement et 28 % en 2016).
Dans le détail (
graphique 18.02), les étudiants indiquent particulièrement avoir éprouvé de la nervosité (49 % des étudiants se déclarent souvent ou en permanence très nerveux), de la tristesse et de l’abattement (38 % souvent ou en permanence) ou du découragement (24 % souvent ou en permanence). À ces signes de détresse s’ajoutent d’autres types de difficultés : 60 % se déclarent souvent ou en permanence épuisés au cours des quatre dernières semaines et 30 % déclarent avoir souffert de solitude ou d’isolement. Quatre catégories d’étudiants apparaissent particulièrement fragiles (leurs caractéristiques pouvant se cumuler) : les étudiants en difficulté financière (65 % présentent les signes d’une détresse psychologique), les étudiants étrangers (53 %), les étudiants âgés de 26 ans et plus (53 %) et les étudiantes (48 %).
Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce phénomène, la plus grande attention accordée à la santé mentale dans le débat public peut favoriser les déclarations des étudiants sur le sujet et donc rendre visible une détresse jusqu’alors ignorée. Ces résultats peuvent aussi tenir à un mouvement de fond allant vers une dégradation effective de la santé mentale des étudiants. Enfin, les conditions singulières de cette dernière année – marquée par le
stop and go sanitaire et durant laquelle les étudiants ont été soumis à davantage de restrictions que le reste de la population – ont pu aussi accentuer la tendance, davantage encore que le confinement.
Ces fragilités se traduisent en partie par un recours à des dispositifs ou structures d’aides dédiées ou à des professionnels de santé (
tableau 18.03). Ainsi, 26 % des étudiants déclarent y avoir eu recours pour des problèmes émotifs, nerveux, psychologiques ou comportementaux au cours des douze mois qui précèdent leurs réponses à l’enquête (38 % des étudiants présentant les signes d’une détresse psychologique contre 17 % de ceux qui n’en présentent pas les signes). Plus précisément, le recours à des professionnels de santé pour des problèmes émotifs, nerveux, psychologiques ou comportementaux au cours des douze derniers mois a concerné 24 % de l’ensemble des étudiants. Parmi ces derniers, 56 % ont consulté un psychologue, 41 % un médecin généraliste et 23 % un psychiatre. Parallèlement, 15 % des étudiants déclarent avoir utilisé des services ou lieux d’aide pour des problèmes émotifs, nerveux, psychologiques ou comportementaux, préférentiellement via un service de médecine préventive universitaire ou un bureau d’aide psychologique universitaire (24 % d’entre eux), via un centre médico-psychologique (23 %) ou en allant chercher de l’aide sur un site internet (18 %). Le dispositif spécifique « chèque psy », mis en place en février 2021 a été utilisé par 11 % des étudiants ayant utilisé des services ou lieux d’aide.
A contrario, durant l’année 2020‑21, 9 % des étudiants ont indiqué ne pas avoir consulté ni reçu de soins médicaux (tout problème de santé confondu) alors qu’ils en avaient besoin (ils étaient 10 % dans ce cas lors du confinement de mars 2020).