Les départs définitifs des enseignants titulaires ont connu un retournement prononcé sur la période 2017‑2022 : ils ont diminué de 10 % entre 2017 et 2020 où ils ont atteint leur plus bas niveau à 1 630 départs, puis ils sont remontés à 1 930 départs en 2022 (
tableau 06.01).
Les départs pour raison de retraite ont plus particulièrement baissé de 11 % de 2017 à 2020 (notamment, -5,3 % en 2020, en partie en raison de la pandémie). Puis ils ont fortement augmenté en 2021 (en partie par effet de rattrapage) et en 2022, de 21 % au total, pour s’élever à 1 680. Cette hausse jusqu’en 2022 est prononcée pour les corps de professeurs agrégés (PRAG) de professeurs certifiés (PRCE) et de maîtres de conférences (MCF).
Il convient de noter que les départs en retraite des enseignants-chercheurs (
EC) avaient même baissé de 47 % entre 2008 et 2020, pour remonter de 20 % jusqu’en 2022 (
tableau 06.01), suivant avec 35‑40 ans de décalage les évolutions des recrutements. Ces recrutements étaient en effet remontés à partir du début des années 1980 pour répondre aux besoins induits par le développement de l’enseignement supérieur.
Concernant les enseignants du second degré (
ESAS), le taux de départs définitifs est de 3,3 % en moyenne annuelle pour les cinq années 2018‑2022 et, selon les projections du
SIES, il devrait atteindre 4,2 % pour les huit années 2023‑2030 (
tableau 06.02). Cette augmentation de 0,8 point entre les deux périodes est notamment portée par le groupe disciplinaire des Sciences économiques,
AES (+ 1,4 point), contre + 0,7 point pour celui des LSH et + 0,6 point pour celui des Sciences. S’agissant des enseignants-chercheurs, le taux de départs définitifs passe de 2,3 % à 3,2 % entre les deux périodes : notamment, le taux du groupe des sciences double presque, passant de 1,7 % sur 2018‑2022 à 3,1 % sur 2023‑2030.
Pour l’ensemble des enseignants titulaires du supérieur, le taux de départs définitifs s’est élevé à 2,6 % en moyenne sur la période 2018‑2022 et il atteindrait 3,5 % pour les huit années 2023‑2030, en hausse de 0,8 point ; il augmenterait particulièrement dans les disciplines des Sciences économiques (+ 1,0 pt, à 3,6 %) et celui des Sciences (+ 1,2 pt, à 3,2 %). Dans le groupe des sciences, ce sont notamment les quatre disciplines de la Biologie et Biochimie, des Sciences de la Terre, de la Physique – Chimie et de la Mécanique, Génie mécanique, Génie informatique, Energétique dont les taux de départs augmenteraient le plus : respectivement + 1,7 pt, + 1,1 pt, + 1,4 pt et + 1,1 pt. Or, sur les cinq années 2018‑2022, les deux dernières disciplines ont déjà vu leurs effectifs d’enseignants titulaires décroître plus vite que les autres de, respectivement, 2,5 % et 4,2 %.
En moyenne sur la période 2018‑2022, le taux de recrutements externes s’est avéré très proche du taux de départs définitifs : respectivement 2,5 % et 2,6 % (
tableau 06.03). Par ailleurs, la part des enseignants détachés ou en disponibilité est passée de 2,0 % à 2,6 % entre les deux années 2018 et 2022, en hausse de 0,1 point en moyenne annuelle. En conséquence, la population totale d’enseignants en activité dans un
EPSCP a baissé de 0,2 % par an, soit - 0,9 % en cinq ans (
tableau 06.02 et
tableau 06.03).
Dans le même temps, la population des étudiants des universités (y compris
IUT) s’est accrue de 0,2 % par an entre les rentrées 2017 et 2022. Mécaniquement, le taux d’encadrement des étudiants par les enseignants titulaires (ratio effectifs d’enseignants /effectifs étudiants) s’est donc contracté de 0,4 % par an. Selon les hypothèses retenues par le
SIES dans ses prévisions , les effectifs des étudiants des universités devraient baisser de 0,3 % par an en moyenne entre les rentrées 2022 et 2030. En moyenne sur les huit années 2023‑2030, le taux de départs définitifs des enseignants s’établirait à 3,5 % par an, et le cumul annuel moyen « accroissement d’effectifs étudiants + taux de départs » à 3,1 %. En supposant un objectif de maintenir constant le taux d’encadrement des étudiants, cet indicateur de cumul représente alors les besoins en recrutements d’enseignants titulaires du supérieur, tous corps confondus. Par rapport aux cinq années 2018‑2022, il conviendrait alors de recruter à un rythme multiplié par 1,24 (3,1 / 2,5).
Sur la période 2018‑2022 et si l’on détaille par discipline d’enseignement (ou groupe disciplinaire) et en posant que les enseignants titulaires d’une discipline enseignent dans les formations correspondantes (hypothèse forte), les deux filières Sciences et Droit et science politique présenteraient les plus fortes baisses du taux d’encadrement des étudiants (respectivement - 1,4 % et - 0,5 %).
D’ici 2030, le groupe des Sciences resterait dans une situation délicate : le taux de départs des enseignants titulaires se situerait à 3,2 % de leurs effectifs, et les effectifs étudiants seraient rigoureusement stables dans la filière. Les besoins en recrutements s’établiraient alors à 3,2 % par an, un rythme 1,75 fois plus rapide que sur la période 2018‑2022. En Santé, les besoins en recrutements seraient de 4,5 % par an, un rythme 1,39 fois plus rapide.