En 2016, 31 % des étudiants vivent au domicile de leurs parents ou de l’un d’eux. Les autres, les étudiants « décohabitants » vivent le plus souvent en location ou en colocation (44 % des étudiants). Parmi ceux-ci, 23 % des étudiants vivent seuls dans un logement qu’ils louent dans le parc privé, 10 % vivent en couple et 11 % en colocation ou en sous-location. Les étudiants qui vivent en résidence universitaire (résidences
CROUS et autres résidences étudiantes) représentent 12 % de la population étudiante, une proportion stable depuis 2013 (
graphique 18.01).
La décohabitation est moins fréquente chez les étudiants issus des milieux sociaux défavorisés (parents ouvriers ou employés) : ils sont 38% à habiter chez leurs parents durant leurs études. Ils sont proportionnellement plus nombreux en résidence universitaire, dont les logements sont attribués sur critères sociaux. Par ailleurs, toutes origines sociales confondues, la décohabitation augmente avec l’âge et le niveau d’études (
graphique 18.02). Au niveau licence, les étudiants sont 42 % de cohabitants mais ils ne sont plus que 19 % au niveau Master et 6 % au niveau Bac + 6 et au-delà. Cependant, quitter le domicile familial n’est pas toujours synonyme d’indépendance : un tiers des parents des étudiants en location prennent entièrement en charge leur loyer. Cette proportion diminue avec l’âge : près de la moitié des étudiants de moins de 21 ans (46 %) ont leur loyer entièrement pris en charge par leur famille, contre 11 % à 24 ans ou plus. Par ailleurs, 27 % des étudiants décohabitants retournent chez leurs parents au moins deux week-ends par mois et 69 % n’effectuent pas leur propre déclaration de revenus.
La progression dans l’enseignement supérieur et l’avancée concomitante dans le processus d’autonomisation entraînent en contrepartie une perte progressive des effets protecteurs de la famille. Celle-ci se perçoit notamment dans l’accès aux soins des étudiants (
tableau 18.03). Les étudiants décohabitants ont plus souvent renoncé à des soins que les cohabitants (32,4 % contre 25,6 %) et parmi eux, près de la moitié y ont renoncé pour des raisons financières (16,9 %) tandis que cette raison n’explique qu’un tiers des renoncements aux soins des cohabitants (8,9 %). Les étudiants décohabitants sont en outre deux fois plus nombreux à ne pas avoir de couverture maladie complémentaire (10,2 % contre 5,8 % des cohabitants).
Les modes de logement influent également sur les conditions de logement des étudiants (
tableau 18.04). Les étudiants qui vivent au domicile familial disposent de plus d’espace (32m2 par habitant) que les décohabitants (24m2), soit près d’un tiers d’espace en plus. Les cohabitants sont également plus satisfaits de leur logement de manière générale, surtout en ce qui concerne la superficie, le confort et la sécurité. Les étudiants qui logent en résidence universitaire sont ceux qui disposent du moins d’espace (15m2 par étudiant) et qui sont les moins satisfaits de leur logement (59 % en sont satisfaits). Ils sont particulièrement insatisfaits du prix, de la superficie, du confort et du cadre de vie. En revanche, ils apprécient la proximité avec leur lieu d’étude tandis que les cohabitants ont les trajets les plus longs (47 minutes).
Les trajets domicile-lieu d’étude sont particulièrement longs en région parisienne ce qui s’explique en partie par la plus forte proportion de cohabitants (
tableau 18.05) : 45 % des étudiants d’Ile-de-France vivent chez leurs parents contre 27 % dans le reste de la France. C’est en grande couronne parisienne que les trajets sont les plus longs avec 52 minutes en moyenne. C’est également en région parisienne que les logements sont les plus petits et les loyers les plus élevés, ce qui constitue un frein important à la décohabitation.