De manière générale, les revenus d’activités, l’aide de la famille et les aides publiques constituent l’essentiel des ressources des étudiants : pour 83 % des étudiants, ces trois sources constituent au moins les trois-quarts de leurs ressources financières. L'exercice d'une activité rémunérée augmente sensiblement les ressources des étudiants et en modifie la structure. Ceux qui exercent une activité rémunérée pendant l'année universitaire ont les ressources financières les plus élevées, avec un budget moyen mensuel de 1059 euros (dont 45 % proviennent des revenus d’emploi) contre 825 euros pour ceux qui n'en exercent aucune (
tableau 18.01). En ce qui concerne le mode de logement, les ressources financières des étudiants n’habitant pas avec leurs parents (décohabitants) sont presque deux fois plus élevées que celles des cohabitants (1063 euros contre 605 euros). Cet écart s’explique notamment par le fait que les étudiants décohabitants ont à assumer des dépenses de loyer (379 € par mois en moyenne) et, pour ce faire, exercent un peu plus souvent une activité rémunérée. Enfin, les ressources varient également selon que les étudiants bénéficient ou non d’une bourse, avec un différentiel de 280 euros à l’avantage des non-boursiers, qui tirent une part importante de leur ressource des revenus d’activité (32 % des ressources).
Le fait de bénéficier de ressources financières diverses, fussent-elles importantes dans certains cas, ne signifie pas nécessairement indépendance financière. Ainsi, seulement un quart des étudiants ne bénéficient d’aucune aide financière des parents (
graphique 18.02) et pour 46 % d’entre eux, au moins la moitié de leurs ressources provient des parents. De plus, 9 étudiants sur 10 reçoivent de manière régulière des aides non matérielles, essentiellement des dons de provisions alimentaires et/ou des partages de repas et des achats de petits cadeaux de vie quotidienne (
tableau 18.03). Cependant, la part des ressources provenant d’aides des parents comme les aides non matérielles diminue avec le processus de décohabitation : 9 % des étudiants décohabitants ne bénéficient ni d’aides financières ni d’aides non matérielles contre 2 % des cohabitants.
Cette spécificité des budgets étudiants – l’importance des aides financières indirectes et des aides non matérielles – rend difficile l’évaluation de leur situation économique. Un indicateur comme le seuil de pauvreté, utilisé en population générale, se révèle peu efficace ici ; le seul critère du revenu, pertinent pour appréhender la majorité des situations financières en population générale, s’avèrent inopérant dans le cas des étudiants.
Le recours à des indicateurs basés sur l’autoévaluation des situations présente également des limites. Pris isolément, ces indicateurs montrent qu’une part non négligeable des étudiants peuvent rencontrer des difficultés : 20 % déclarent rencontrer des difficultés financières et 26 % déclarent manquer d’argent pour couvrir leurs besoins mensuels (
graphique 18.04). Pour autant, ces indicateurs ne permettent pas de conclure à une précarisation des étudiants. Le recours à un indicateur croisant les ressources des étudiants et l’autoévaluation de la situation peut alors permettre d’affiner l’analyse : en ne retenant que les étudiants situés dans le premier quartile des revenus, déclarant avoir rencontré des difficultés financières importantes et déclarant manquer d’argent pour couvrir leurs besoins mensuels, 4 % des étudiants apparaissent alors dans une situation de précarité. Cette situation touche plus particulièrement les étudiants étrangers (11 %), les étudiants de plus de 25 ans (27 %) et les étudiants issus des catégories populaires (employés et ouvriers) (6 %).