En 2023, 72 % des étudiants estimaient leur état de santé satisfaisant ou très satisfaisant ; à l’opposé, 8 % le jugaient pas ou peu satisfaisant (
graphique 20.01). Pour autant, le jugement que les étudiants portent sur leur état de santé n’est pas uniforme. Les femmes l’évaluent plus négativement que les hommes. Ainsi, 78 % des hommes s’estiment en bonne ou très bonne santé contre seulement 67 % des femmes. Il s’agit là d’une constante dans le domaine de la santé, que l’on retrouve dans la population française mais également dans tous les pays européens. Ces perceptions sexuées reflètent notamment des différences dans les modes de vie, dans le rapport au corps, à l’alimentation ou à la santé psychique. La nationalité et l’origine sociale constituent également des critères de différenciation dans l’autoévaluation de l’état de santé : 63% des étudiants de nationalité étrangère et 67 % des étudiants d’origine populaire se déclarent en bonne ou très bonne santé (contre respectivement 73 % des étudiants de nationalité française et 77 % des étudiants d’origine sociale supérieure). Enfin, l’avancée en âge et l’évolution vers l’indépendance résidentielle se traduisent également par une baisse de l’évaluation positive de l’état de santé.
Seulement 8 % des étudiants n’ont pas consulté de médecin au cours des douze derniers mois. 82 % ont consulté au moins une fois un généraliste, 19 % un psychologue ou un psychiatre et 74 % un autre médecin spécialiste (
graphique 20.02). Pour autant, la population étudiante se caractérise par un renoncement aux soins plus fréquent qu’en population générale. Un tiers d’entre eux déclare avoir renoncé à des soins ou des examens médicaux pour des raisons financières au cours des 12 mois précédant l’enquête (
graphique 20.03). Ce non-recours aux soins pour motifs financiers varie considérablement selon les caractéristiques au sein de la population étudiante. Il est beaucoup plus répandu chez les femmes, chez les étudiants d’origine populaire (37 % contre 25 % des étudiants d’origine sociale supérieure) ou bien de nationalité étrangère (54 % contre 29 % des étudiants de nationalité française). De même, le renoncement aux soins pour raisons financières augmente avec l’âge des étudiants et atteint 46 % chez les 24 ans et plus. La transition vers une situation d’indépendance économique et familiale explique sans doute cet effet : le rôle protecteur de la famille en matière de santé s’amenuise à mesure que les étudiants évoluent vers l’indépendance.
Cependant, les raisons financières ne sont pas les principales raisons invoquées pour expliquer le renoncement. Parmi les autres raisons, les délais d’attente trop longs et le sentiment que « ça va passer » sont les principaux motifs avancés par respectivement 48 % des étudiants pour chacun de ces motifs.
La santé mentale des étudiants s’est dégradée durant la crise sanitaire, avec un nombre croissant d’étudiants montrant des signes de détresse psychologique. Les conséquences psychologiques de cette période semblent s’inscrire dans la durée. Ainsi, un peu plus d’un tiers des étudiants présentait les signes d’une détresse psychologique dans les quatre semaines qui précédaient leur réponse à l’enquête (
graphique 20.04). Cette prévalence varie selon les publics, en lien avec leurs conditions de vie. Les étudiants d’origine sociale populaire apparaissent particulièrement fragilisés : 41 % d’entre eux présentaient des signes de détresse psychologique alors que cela ne concerne que 30 % de ceux d’origine sociale supérieure. Les étudiants de nationalité étrangère sont également plus touchés : 42 % contre 35 % de ceux de nationalité française. Enfin, les étudiantes sont 44 % à présenter ces signes de détresse, contre 26 % des étudiants. Parmi les symptômes cités, ce sont les états de tristesse et d’abattement, et plus encore les états de nervosité qui semblent dominer : 31 % déclarent s’être sentis tristes et abattus (en permanence ou souvent) durant les quatre dernières semaines et 46 % déclarent s’être sentis très nerveux. Ces difficultés se traduisent également par des états d’épuisement particulièrement prononcés : 60 % des étudiants déclarent s’être sentis en permanence ou souvent épuisés.