état de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation en France n°16
état de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation en France n°16
 

l'état de l'Enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation - résumé

 
Chaque année, l'état de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation présente un état des lieux chiffré du système français, de ses évolutions, des moyens qu'il met en œuvre et de ses résultats. Une mise en perspective européenne et internationale est réalisée pour les indicateurs les plus structurants. L’ouvrage aborde une cinquantaine de thèmes déclinés sur une double page comportant une synthèse et plusieurs graphiques et tableaux illustratifs. L’essentiel des données est issu de sources exploitées par le service statistique ministériel en charge de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (la sous-direction des systèmes d’information et des études statistiques, SIES). Ce document s’appuie aussi largement sur d’autres sources et contributions émanant du MESR et du MENJ (DEPP, DGESIP, DGRI, DGRH notamment) ou d’autres organismes, en particulier de l'Insee, de l'OCDE, du Céreq, de l'OST du Hcéres, d’Erasmus+ et de l'OVE.

Des dépenses en faveur de l'enseignement supérieur légèrement supérieures à la moyenne de l’OCDE

La dépense de la Nation pour l’enseignement supérieur a connu une forte croissance depuis 1980 : elle a été multipliée par 2,9 (en prix constants). En 2021, sur un an, à prix constants (c’est-à-dire corrigé de l’inflation), elles progressent même de plus de 4 %, un rythme inégalé depuis 2010. La Nation a ainsi dépensé 36,3 milliards d'euros (Md€) pour l'enseignement supérieur en 2021 (fiche 01). En 2021, la dépense moyenne par étudiant s'élève à 11 630 euros. Elle est un peu supérieure à la dépense moyenne pour un lycéen de série général et technologique (11 570 euros en 2021). Depuis 2014, la dépense moyenne par étudiant s’est contractée à un rythme de 1,4 % par an en euros constants en moyenne, sous l’effet de la vive progression des effectifs étudiants. Ainsi, la dépense moyenne par étudiant s’est réduite de près de 5 % depuis 2017, alors même que le nombre d’étudiants inscrits progressait de près de 10 %. Sa progression est néanmoins forte sur longue période, avec une croissance de 30 % depuis 1980 (en euros constants). Le coût par étudiant est différent selon les filières de formation : il varie de 10 270 euros en moyenne par an pour un étudiant d'université jusqu'à 16 370 euros pour un élève de CPGE. Le différentiel s'explique en grande partie par le taux d'encadrement pédagogique.

Plus des deux tiers de cette dépense pour l'enseignement supérieur concernent le personnel. À la rentrée 2021, le potentiel d'enseignement et de recherche dans l'enseignement supérieur public sous tutelle du MESR est de 92 060 enseignants dont 55 330 enseignants-chercheurs et assimilés, soit 60 % de l'ensemble (fiche 04). Les enseignants du second degré et les enseignants non permanents représentent respectivement 14 % et 26 % de ces effectifs. Depuis 20 ans, le nombre d'enseignants dans le supérieur a progressé de 4 %.

La part de l'État est prépondérante dans le financement de l'enseignement supérieur (63,7 % en 2021). Celle des entreprises se renforce dans un contexte de progression rapide de l’apprentissage . Celle des ménages est un peu inférieure à 10 %, en progression de 0,6 points sur un an en raison des dépenses supplémentaires supportées en 2021 du fait de la fermeture des établissements (hébergement, restauration). À la rentrée 2021, plus de 760 000 étudiants ont bénéficié d'une aide financière directe sous la forme de bourses ou de prêts. C’est près de 43 000 de moins sur un an mais en progrès de 18 000 sur 5 ans. En 2021‑22, 39,6 % des étudiants bénéficient d’une aide. Au total, l'aide financière et sociale en leur faveur, incluant notamment les allocations de logement et les allégements fiscaux, atteint 6,4 Md€ (hors contribution des différents régimes au financement des assurances sociales des étudiants) (fiche 03).

En consacrant 1,5 % de son PIB en 2019 à l'enseignement supérieur, la France se situe dans la moyenne des pays de l'OCDE (1,5 %) (fiche 02). Elle devance des pays européens comme l’Espagne (1,3 %), l’Allemagne (1,3 %) ou l’Italie (0,9 %) mais est distancée par les Pays-Bas (1,7 %) et la Finlande (1,5 %). Elle se positionne loin derrière les États-Unis (2,5 %), le Canada (2,2 %) et le Royaume-Uni (2,0 %). Les comparaisons internationales doivent cependant être interprétées avec prudence car elles intègrent des structures de financement très disparates.

Le nombre d’étudiants poursuit sa progression : + 2,5 % sur un an et + 11,3 % sur les seules 5 dernières années

Selon les résultats de la session 2021 du baccalauréat, 689 000 candidats ont obtenu le baccalauréat (fiche 08) en retrait par rapport aux résultats de la session précédente exceptionnellement élevés en raison du contexte de crise sanitaire. La part d'une génération ayant le bac, qui a dépassé 60 % en 1995, atteint 83,0 % en 2021. La quasi-totalité des bacheliers généraux et trois quarts des bacheliers technologiques s'inscrivent dans l'enseignement supérieur ; pour les bacheliers professionnels, dont une majorité se dirige d’emblée vers la vie active, le taux d’inscription dans l’enseignement supérieur est certes inférieur mais il a nettement progressé en 10 ans pour atteindre 46 % en 2021.

Le système Parcoursup centralise l’essentiel des démarches d’orientation dans l’enseignement supérieur. Au cours de la campagne 2022, 606 000 élèves de Terminale en 2021‑22 ont confirmé des voeux (fiche 09). En moyenne, la liste de vœux d’un candidat comporte 12,9 vœux. Cette liste se compose à 35 % de vœux en Licence (dont 4 % en LAS), 4 % en PASS, 28 % en STS, 11 % en BUT, 6 % en CPGE et 6 % en DE sanitaire et social, les autres vœux étant formulés dans d’autres formations présentes sur Parcoursup. Pour les candidats de terminale générale, la Licence est le vœu le plus fréquent (50 % dont 5 % en LAS), suivie dans l’ordre d’importance par les BUT (10 %), les CPGE (9 %) et les STS (8 %). Pour les candidats en terminale technologique ou professionnelle, la STS est la filière la plus choisie, représentant respectivement 47 % et 75 % de leurs listes de vœux en moyenne. Le 16 septembre 2022, en fin de procédures principale et complémentaire, 94,8 % des bacheliers inscrits à Parcoursup en phase principale ont reçu au moins une proposition et 81,9 % ont accepté l’une d’entre elles.

À la rentrée 2021, 2 969 000 inscriptions étudiantes (hors inscriptions simultanées en Licence et CPGE ou IFSI) sont recensées dans l'enseignement supérieur (fiche 12). Accroissement du taux de bacheliers au sein d’une classe d’âge, attractivité de l’enseignement supérieur et facteurs démographiques contribuent à une croissance continue du nombre d’étudiants, qui accélère encore sur la période récente. Sur les seules cinq dernières années, le nombre de nouveaux étudiants s’est accru de 279 000, soit une augmentation de plus de 10 % sur cette courte période. Cette évolution résulte essentiellement d’une scolarisation accrue des dernières générations dans l’enseignement supérieur. L’attrait des établissements français pour les étudiants en mobilité international explique également une partie de cette progression. On compte ainsi la rentrée 2021 plus de 302 000 étudiants en mobilité internationale en France (soit plus d’un étudiant sur dix), niveau historiquement haut. Depuis le début des années 2000, c'est l'enseignement supérieur privé qui connaît la plus forte progression de ses effectifs étudiants. Les effectifs d’étudiants dans l’enseignement supérieur privé ont progressé de 64 % contre 17 % seulement dans le public.

Les bacheliers généraux se dirigent massivement vers l’université et notamment les formations générales et de santé. Viennent ensuite les formations professionnelles courtes (IUT, STS) et les classes préparatoires aux grandes écoles. Tous niveaux de formation confondus, on dénombre ainsi en 2021‑22, 1,657 million d’étudiants à l’université, dont 115 000 préparent un DUT/BUT. 409 000 sont inscrits en STS sous statut scolaire ou apprentis, 83 000 en CPGE. 820 000 autres se répartissent notamment dans le secteur paramédical et social, les écoles de commerce et de management ou encore dans les écoles d’art.

Dans un contexte de très fort dynamisme des effectifs d’étudiants à l’université (+ 13,0 % en cinq ans sur 2016‑2021 à champ constant et hors doubles inscriptions en CPGE et IFSI), l’attractivité des différentes disciplines est contrastée. Entre 2016 et 2021, Sciences, STAPS (+ 11,5 %), Droit (+ 7,8 %) et Arts, lettres, langues et SHS (+ 6,1 %) sont les trois groupes disciplinaires les plus prisés. Les effectifs en Santé reculent de 4 % sur la période 2016‑2021 après une croissance de près de 10 % sur 2011‑2016.

Rendue possible à partir de 1987, accélérée par la réforme LMD de 2002, la formation par l'apprentissage s'est fortement développée dans l’enseignement supérieur (fiche 19). Depuis 2005, le nombre d'apprentis dans l’enseignement supérieur a presque septuplé et, sur l’année 2021, conséquence des mesures d’aides prises en réponse à la crise sanitaire, le rythme de progression est de 48 %. Tous les niveaux de formation enregistrent une hausse : le nombre d’apprentis augmente de 24,4 % pour les Licences, 43,2 % pour les BTS, 40,5 % pour les Master, 10,1 % pour l’ensemble DUT/BUT et 10,2 % pour les diplômes d’ingénieur. Les autres types de diplômes, notamment les Titres homologués délivrés par des écoles privées de l'enseignement supérieur contribuent également de manière importante à cette vive croissance : leurs effectifs d’apprentis double presque pour la seconde année consécutive. On compte ainsi 479 600 apprentis en 2021, soit 16,2 % des effectifs de l'enseignement supérieur ; plus d’un apprenti sur deux est étudiant dans l’enseignement supérieur. 33 % des apprentis préparent un BTS et 6 % un diplôme d’ingénieur. À l’issue d’une décennie de forte progression de l’apprentissage en Licence et Master, ces deux formations accueillent désormais respectivement 9,0 % et 8,3 % des apprentis de l’enseignement supérieur en 2021.

Le Doctorat est le diplôme le plus haut délivré dans l’enseignement supérieur. Il constitue également une première expérience professionnelle pour de nombreux doctorants. Les docteurs forment, surtout, le vivier de l’activité de recherche française. Depuis 2000, la formation par la recherche s'effectue au sein d'écoles doctorales ensuite regroupées dans des collèges doctoraux. En 2021, 13 600 Doctorats ont été délivrés (fiche 38). Le nombre des inscriptions en première année de doctorat se contracte globalement de 10 % entre 2011‑12 et 2021‑22 mais avec de forts contrastes disciplinaires. D’un côté les sciences de la société (droit, économie, gestion, sociologie, anthropologie) et les sciences humaines et humanités (lettres, langues, arts, histoire) reculent respectivement de 32,0 % et de 30,3 %. De l’autre les Sciences exactes et applications et surtout Biologie, Médecine, Santé connaissent une croissance sensible de, respectivement, 3,9 % et 18,8 %. Au global, si le nombre de Doctorats délivrés a progressé de près de 10,0 % entre 2009 et 2012, il s’est stabilisé depuis 2010 autour de 14 000. Après une année 2020 perturbée par la crise sanitaire, le nombre de doctorats délivrés en 2021 retrouve ce niveau (13 590 diplômes délivrés).

Une amélioration sensible de la réussite à l’université

La réussite dans l'enseignement supérieur est fortement influencée par les antécédents scolaires des étudiants. C'est notamment vrai pour la Licence générale, le DUT ou le BTS et a fortiori pour la Première année commune aux études de santé (PACES), en vigueur jusqu’à la réforme intervenue en 2020 (fiche 20). À l’exception de la Licence professionnelle où le bac d’origine a peu d’influence sur la réussite, les bacheliers généraux réussissent mieux que les bacheliers technologiques et professionnels.

Seuls 47 % des étudiants entrés en Licence en 2016 obtiennent leur diplôme en 3, 4 ou 5 ans (fiche 21). Mais la réussite en Licence continue sa progression cette année encore avec un taux de réussite en 3 ans pour la cohorte des bacheliers 2018 qui s’établit à 35 % en progrès de près de 3 points. Ces taux encore relativement faibles sont liés pour l’essentiel aux abandons à l’issue de la première année de Licence, le cas échéant suivis d’une réorientation vers d’autres filières de formation. La réussite des bacheliers généraux en Licence en 3, 4 ou 5 ans est plus de deux fois plus élevée (56,9 %) que celle des bacheliers technologiques (20,7 %) ou que celle des bacheliers professionnels (8,3 %).

Près de 60 % des diplômés 2021 de Licence poursuivent en Master (y compris Master enseignement). 60 % des étudiants en Master obtiennent leur diplôme en deux ans et un peu plus d'un sur dix en trois ans. Cette réussite est en progrès sensible depuis 2017 et la mise en œuvre de la réforme des Masters.

Seuls 17,6 % des néo-bacheliers inscrits en première année commune aux études de santé (PACES) en 2019 accèdent en un an à la deuxième année. Au final, en un ou deux ans, ils sont un peu plus d’un tiers à y parvenir. La réussite des bacheliers technologiques et professionnels en PACES est rare : 2,7 % seulement accèdent à la deuxième année. Au contraire, plus d’un tiers des bacheliers scientifiques parviennent en un ou deux ans à rejoindre la deuxième année dans une des filières de santé à l’université (lorsque le redoublement était systématiquement possible).

La réussite est relativement élevée dans les filières courtes. Ainsi, plus des deux tiers des néo-bacheliers inscrits en STS en 2018 obtiennent leur diplôme en 2 ou 3 ans. En DUT également, la réussite est élevée : près de 80 % des néo-bacheliers inscrits en DUT en 2018 obtiennent leur diplôme en deux ou 3 ans. Cette réussite est contrastée suivant les baccalauréats d’origine. En STS notamment, près de huit bacheliers généraux sur dix obtiennent leur diplôme en deux ou 3 ans pour seulement sept bacheliers technologiques sur dix et un bachelier professionnel sur deux.

En 2021, on observe que 50,3 % des jeunes âgés de 25 à 34 ans sont diplômés de l'enseignement supérieur, pourcentage relativement stable sur les dernières années. La France se situe un point au-dessus de la moyenne des pays de l’OCDE. Par ailleurs, sur la période 2018 à 2020, 39 % des jeunes sortants de formation initiale disposent au plus d’un diplôme du second degré et 11 % d’un diplôme national du brevet au plus, quand 27 % sortent diplômés de niveau master, 11 % de niveau licence et 12 % ont validé des études supérieures courtes.

Les milieux sociaux favorisés accèdent toujours beaucoup plus aux diplômes les plus élevés

La démocratisation de l'accès à l'enseignement supérieur se poursuit : en 2021, 50,3 % des 25‑34 ans sont diplômés de l’enseignement supérieur, contre 40,7 % des 25‑64 ans.

Ce contraste concerne tous les milieux sociaux. Dans les catégories favorisées, en 2021, parmi les enfants de cadres ou professions intermédiaires, 65,1 % des 20‑24 ans étudient ou ont étudié dans le supérieur contre 46,3 % des 45‑49 ans ; parmi les enfants d'ouvriers ou d'employés, la progression est un peu plus forte mais le niveau de départ est particulièrement bas : 51,5 % des 20‑24 ans ont fait des études supérieures contre 32,6 % des 45‑49 ans.

L’écart entre ces deux groupes sociaux s'observe également lorsque l'on s'intéresse à la part de diplômés : en moyenne, sur la période 2019‑2021, près de 70 % des enfants de cadres ou de professions intermédiaires sont diplômés du supérieur contre moins de 40 % des enfants d'ouvriers ou d'employés.

Si les diplômés de l’enseignement technologique court, notamment en STS et en IUT, sont issus dans des proportions équivalentes des différentes catégories socio-professionnelles de la population française, l'université hors IUT et les grandes écoles reflètent une forte distorsion sociale : 41 % des enfants de cadres sortent diplômés d'une grande école ou de l'université à un niveau Bac + 5 ou plus contre un peu plus de 13 % des enfants d'ouvriers.

Les jeunes femmes sont nettement plus diplômées que les jeunes hommes, mais leur insertion professionnelle est bien moins favorable

Plus de la moitié des étudiants sont des femmes (55 %). Largement majoritaires dans les filières universitaires de Lettres ou de Sciences humaines (70,2 %) et dans les formations paramédicales ou sociales (86,7 %), les femmes sont minoritaires dans les classes préparatoires aux grandes écoles (41,3 %) et en IUT (40,1 %). En dix ans, leur part a légèrement progressé dans les formations scientifiques à l’université (+ 4 points), mais reste encore minoritaire (42 %).

Plus nombreuses dans la population étudiante, les femmes sont également davantage diplômées que les hommes. Dix points les séparent : parmi les femmes sorties de formation initiale entre 2018 et 2020, 55 % ont obtenu un diplôme de l’enseignement supérieur, pour seulement 45 % des hommes. Les femmes diplômées de l’enseignement supérieur détiennent plus souvent un diplôme de niveau Bac + 5 universitaire, alors que les hommes sont plus souvent diplômés d’écoles du supérieure et de formations courtes (BTS ou DUT).

Cependant, entrées dans le monde du travail, leur situation devient moins favorable. Deux après leur entrée dans le monde du travail, elles occupent moins souvent un emploi à durée indéterminée et plus souvent un emploi à temps partiel. Elles occupent moins fréquemment un emploi de cadre. Enfin, les emplois occupés par les femmes jeunes diplômées sont moins bien rémunérés que ceux de leur homologues masculins, les écarts de salaires médians atteignant plus de 200 euros nets par mois

La place des établissements d’enseignement supérieur dans la formation continue reste extrêmement faible

En 2021, la formation continue dans les établissements d’enseignement supérieur a généré un chiffre d'affaires de 472 millions d'euros (fiche 27). Ce sont 324 000 stagiaires des universités, du Cnam et des écoles sous tutelle du MESR qui ont été accueillis auxquels plus de 102 000 diplômes ont été délivrés.

La science française dans le paysage mondial de la recherche et de l’innovation

La France se situe au 10e rang en part mondiale des publications scientifiques (fiche 29). Le nombre de ses publications progresse au cours des 10 dernières années mais, dans un contexte de croissance vive du nombre de publications au niveau mondial dans les dernières années, sa part mondiale de publications scientifiques se contracte. En effet, sous l’effet de l'arrivée de nouveaux pays sur la scène scientifique internationale comme la Chine, l'Inde ou le Brésil, la part mondiale des publications scientifiques française passe de 3,5 % à 2,3 % des publications mondiales entre 2011 et 2021 et son indice d’impact, légèrement supérieur à la moyenne mondiale en 2011 (1,06), devient inférieur à la moyenne mondiale (0,94) en 2021. Au niveau européen, l’Allemagne, historiquement, et l’Italie et l’Espagne depuis peu, précèdent la France. L’Espagne connait une progression sensible du nombre et de l’impact de ses publications scientifiques et atteint un niveau comparable à celui de la France.

Près de 65 % des publications françaises sont réalisées en coopération avec des scientifiques étrangers ce qui place le taux de co‑publication français parmi les plus élevé au monde (comparable aux Pays-Bas ou au Royaume-Uni et supérieur à l’Allemagne). Notamment, plus d’un quart des publications françaises associent des scientifiques américains.

En 2021, observé au niveau des grandes disciplines, la France présente un profil disciplinaire équilibré. La part des publications de la France en Sciences de la vie et Sciences physiques et ingénierie est similaire à celle du total mondial. La part des publications en SHS est en revanche plus faible en France que dans le monde (fiche 31). Observé au niveau de disciplines plus fines, le profil français est plus complexe. La France apparaît ainsi très spécialisée dans les domaines Étude du passé humain (SH6, indice 2,1) et Mathématiques (PE1, indice 1,7). La part des domaines Immunité, infection et immunothérapie (LS6), Sciences de l'Univers (PE9) et Individus, marchés et organisations (SH1) dans les publications françaises est de 30 % à 40 % au-dessus de leur part dans les publications mondiales. L’analyse des profils scientifiques nationaux repose toutefois sur une base de référence qui représente inégalement les différents pays selon les disciplines, et doit donc être appréciée avec prudence.

Dans le domaine de l’intelligence artificielle, sur un périmètre strict circonscrit aux travaux sur les méthodes et les concepts de l’IA (excluant ses applications) (fiche 50), la recherche française se situe au 9e rang mondial. Elle se situe au 13e rang mondial en terme de production scientifique si on considère un périmètre élargi aux applications de l’IA. Depuis 2018, sa position dans le domaine de l’IA se fragilise. Sur le périmètre large comprenant les applications de l’IA, elle connait une croissance plus faible que la moyenne de ses publications et perd des places au classement mondial. Mais elle recule également si on considère le périmètre très restreint des publications issues des grandes conférences internationales en IA

A la faveur du retard dans les négociations post-BREXIT d’adhésion du Royaume-Uni à Horizon Europe, la France est le second pays bénéficiaire des contributions allouées par l’Union européenne dans le cadre du programme Horizon 2020 (fiche 30). Elle se place derrière l’Allemagne et bénéficie de 10,7 % des contributions allouées. Mais, malgré un taux de réussite élevé des propositions impliquant un partenaire français, la sous-représentation de ses équipes dans les propositions ne permet pas à la France de réaliser tout son potentiel dans ce programme. Associé à l’Allemagne dans sept projets sur dix, la France est très présente dans les domaines du nucléaire, des transports et de l’espace.

La France figure encore parmi les grandes nations en matière de brevets (fiche 32). En 2021, avec 5,5 % des demandes de brevets publiées à l’Office européen des brevets (OEB), elle conserve son 5e rang mondial dans le système européen des brevets. Cependant, entre 2011 et 2021, la part de la France dans les demandes de brevets adressées à l’OEB passe de 6,4 à 5,5 % sur la période. La France est devancée par la Chine au très fort dynamisme. Les brevets français déposés aux offices européen et américains se concentrent dans le domaine machines-mécanique-transports.

Le taux d’innovation des sociétés implantées en France au cours des années 2018 à 2020 est légèrement supérieur à celui de la moyenne de l’Union européenne (UE27) à champ sectoriel identique (55 % contre 53 %). Mais la France accuse un retard important avec l’Allemagne dont près de 70 % des entreprises sont innovantes (fiche 33). Avec 74 % de sociétés innovantes, le secteur de l’information et de la communication est le plus innovant. Pour soutenir l’innovation, l’État met en œuvre un ensemble de dispositifs d’accompagnement ciblés sur les jeunes entreprises innovantes (4 200 entreprises bénéficiaires de 217 M€ en 2020) (fiche 34), ou au spectre plus large comme le Crédit d’impôt Innovation (9 000 entreprises bénéficiaires de 302 M€ de crédit d’impôt en 2020) (fiche 47).

En France, 665 600 personnes se consacrent à la R&D en 2020

Au total, chercheurs et personnels de soutien confondus, ce sont 665 600 personnes qui se consacrent en 2020 à la R&D, au moins pour une part de leur activité (fiche 35). Ils représentent au total 474 100 personnes en équivalent temps plein (ETP) dont 321 400 chercheurs (en ETP). Les personnels de recherche ont fortement progressé dans les entreprises entre 2012 et 2020 (+ 15 %) ainsi que dans les établissements d’enseignement supérieur, à la faveur du recrutement d’enseignants chercheurs pour faire face aux afflux d’effectifs étudiants (+ 30 %). En revanche, dans le secteur institutionnel dit de l’État, composé essentiellement des organismes, le personnel de recherche s’est replié de près de 3 %. En 2020, 62 % des chercheurs sont en entreprise. Dans ce secteur des entreprises, 5 branches emploient à elles seules plus de la moitié des chercheurs (fiche 37) : « Activités spécialisées, scientifiques et techniques » (14 %), « Activités informatiques et services d’information » (13 %), « Industrie automobile » (10 %), « Construction aéronautique et spatiale » (8 %) et « Édition, audiovisuel et diffusion » (7 %). Entre 2015 et 2020, La croissance des effectifs de recherche est essentiellement portée par les branches de services dont les effectifs progressent 4,4 fois plus vite que ceux des branches industrielles. Si l’on rapporte le nombre de chercheurs à la population active, la France, avec 10,72 chercheurs pour mille actifs en 2020, se place derrière la Corée du Sud, le Danemark, l’Allemagne ou la Belgique, mais devant, le Japon, les États-Unis, et le Royaume-Uni.

La part des femmes parmi le personnel de recherche s'élève à 33 % en 2020 (fiche 36). Elle est plus faible dans les entreprises (24 %) que dans le secteur public (48 %). Elle est également plus faible parmi les chercheurs (29,4 %) que parmi les personnels de soutien (41,6 %). Pour plus d'un chercheur sur deux en entreprise en 2019, le diplôme d'ingénieur est le diplôme le plus élevé. En revanche, seuls 12 % des chercheurs en entreprise disposent d'un doctorat. Dans le secteur public, depuis 20 ans, la place des femmes s'est renforcée au sein de la population des enseignants-chercheurs, mais le mouvement reste lent pour les postes de plus haut niveau. En 2021‑22, elles représentent 45 % des maîtres de conférences mais seulement 28 % des professeurs d'université.

Un effort de recherche reposant pour les 2/3 sur les entreprises

La dépense intérieure de recherche et développement en France s'est élevée en 2020 à 52,7 Md€ et représente 2,28 % du produit intérieur brut (PIB) (fiche 41). La France se situe à la 5e parmi les six pays de l’OCDE les plus importants en termes de volume de la dépense intérieure de R&D (DIRD), derrière la Corée du Sud (4,81 %), les États-Unis (3,45 %), le Japon (3,27 %) et l'Allemagne (3,13 %). La France se situe devant le Canada (1,84 %), le Royaume-Uni (1,71 % en 2019), l’Italie (1,51 %) et l’Espagne (1,41 %). En 2021, en raison de la hausse des dépenses de R&D des administrations (+ 3,8 %) et de celle des dépenses des entreprises (+ 3,2 %), la DIRD atteindrait 55,5 Md€, en progression de 3,4 % en volume. Cependant, du fait de la forte augmentation du PIB en lien avec la reprise de l’activité économique post-pandémie, l’effort de R&D serait de 2,22 % du PIB, contre 2,28 % en 2020.

L'effort de recherche est surtout le fait des entreprises qui, en 2020 exécutent près des deux-tiers (65,6 %) des travaux de R&D réalisés sur le territoire national pour un montant de 34,6 Md€. Les dépenses de recherche des entreprises ont progressé beaucoup plus vivement que celles du secteur public au cours des dix dernières années, à la faveur notamment de la réforme du crédit d'impôt recherche (CIR). Les entreprises financent 60 % des travaux de R&D en 2020. La dépense intérieure de recherche du secteur public s'élève à 18,1 Md€ en 2020 reposant majoritairement sur les organismes de recherche (51 %) mais aussi fortement sur les établissements d'enseignement supérieur et les CHU (42 %), le partage restant une approche quelque peu théorique dans la mesure où l’essentiel de la recherche publique est conduit dans des unités mixtes de recherche associant les deux catégories d’organisations. Les PME représentent 19 % des dépenses intérieures de R&D des entreprises, dont plus de 60 % en faveur des activités de services (fiche 43). Les grandes entreprises, à l'origine de 56,5 % de la dépense intérieure de R&D des entreprises (DIRDE), réalisent près des trois-quarts de leur effort en haute et moyenne-haute technologie. Les dépenses intérieures de R&D des entreprises se concentrent ainsi à 54 % sur six branches de recherche : l’industrie automobile (12 % de la DIRDE), les activités spécialisées, scientifiques et techniques (10 %), la construction aéronautique et spatiale (10 %), les activités informatiques et services d’information (8 %), l’industrie pharmaceutique (8 %) ainsi que l’industrie chimique (5 %). Par ailleurs les entreprises ont consacré une part non négligeable de leur DIRD à des domaines transversaux comme les biotechnologies (fiche 51), l'environnement (fiche 52), les nouveaux matériaux ou les nanotechnologies (fiche 53).

Les entreprises sont soutenues dans cet effort par l'État via des aides directes, des coopérations avec les organismes publics dans les domaines civils ou militaires et des dispositifs fiscaux comme le crédit d'impôt recherche (CIR) ou le statut de jeune entreprise innovante (JEI) (fiche 47 et fiche 34). En 2020, 9 % des travaux de R&D des entreprises sont financés par des ressources publiques et la créance du CIR (au titre de la R&D, de l’innovation et des collections) atteint à 6,5 Md€ en 2020. La France de ce point de vue ne se distingue pas des autres pays de l'OCDE où les dispositifs fiscaux de soutien à la recherche privée se développent, traduisant une concurrence accrue entre pays pour attirer les activités de R&D des entreprises. Les collectivités territoriales participent aussi à l'effort de recherche notamment en finançant des opérations immobilières ou des transferts de technologie : en 2020, sous l’effet de la crise sanitaire qui a affecté les équilibres budgétaires des collectivités, leur budget de recherche, et de transfert de technologie (R&T) est estimé à 680 M€ (fiche 48). En 2021, il devrait retrouver son niveau antérieur (810 M€ en prévision).
 
 


Emmanuel Weisenburger (SIES A2.4)

 
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les étudiants inscrits dans l'enseignement supérieur en 2021-22

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02
France entière
les effectifs de chercheurs en 2020

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Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche