état de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation en France n°17
état de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation en France n°17
 

l'état de l'Enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation - résumé

 
Chaque année, l'état de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation présente un état des lieux chiffré du système français, de ses évolutions, des moyens qu'il met en œuvre et de ses résultats. Une mise en perspective européenne et internationale est réalisée pour les indicateurs les plus structurants. L’ouvrage aborde une cinquantaine de thèmes déclinés sur une double page comportant une synthèse et plusieurs graphiques et tableaux illustratifs. L’essentiel des données est issu de sources exploitées par le service statistique ministériel en charge de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (la sous-direction des systèmes d’information et des études statistiques, SIES). Ce document s’appuie aussi largement sur d’autres sources et contributions émanant du MESR et du MENJ (DEPP, DGESIP, DGRI, DGRH notamment) ou d’autres organismes, en particulier de l'Insee, de l'OCDE, du Céreq, de l'OST du Hcéres, d’Erasmus+ et de l'OVE.

Des dépenses en faveur de l'enseignement supérieur légèrement supérieures à la moyenne de l’OCDE

La dépense de la Nation pour l’enseignement supérieur a connu une forte croissance depuis 1980 : elle a été multipliée par 3,1 (en prix constants, c’est-à-dire corrigé de l’inflation). En 2022, sur un an, à prix constants, elle progresse de 3,1 %. La Nation a ainsi dépensé 40,3 milliards d'euros (Md€) pour l'enseignement supérieur en 2022 (fiche 01) et la dépense moyenne par étudiant s'est élevée à 12 250 euros. Cette dernière est un peu supérieure à la dépense moyenne pour un lycéen de série général et technologique (11 940 euros en 2022). Par rapport à 2021, elle progresse de 1,8 % à prix constants. Depuis 2014, la dépense moyenne par étudiant s’est contractée à un rythme de 0,9 % par an en euros constants en moyenne , sous l’effet de la vive progression des effectifs étudiants. Ainsi, la dépense moyenne par étudiant s’est réduite de près de 2,7 % depuis 2017, alors même que le nombre d’étudiants inscrits progressait de plus de 20 %. Sa progression est néanmoins forte sur longue période, avec une croissance de 32 % depuis 1980 (en euros constants). Le coût par étudiant est différent selon les filières de formation : il varie de 11 190 euros en moyenne par an pour un étudiant d'université jusqu'à 17 260 euros pour un élève de CPGE. Le différentiel s'explique en grande partie par le taux d'encadrement pédagogique.

Plus des deux tiers de cette dépense pour l'enseignement supérieur concernent le personnel. À la rentrée 2022, le potentiel d'enseignement et de recherche dans l'enseignement supérieur public sous tutelle du MESR est de 92 700 enseignants dont 55 130 enseignants-chercheurs et assimilés, soit 59 % de l'ensemble (fiche 04). Les enseignants du second degré et les enseignants non permanents représentent respectivement 14 % et 27 % de ces effectifs. Depuis 20 ans, le nombre d'enseignants dans le supérieur a progressé de 5 %.

La part de l'État est prépondérante dans le financement de l'enseignement supérieur (60,2 % en 2022). Celle des entreprises (18,3 %) se renforce dans un contexte de progression rapide de l’apprentissage. Quant à celle des ménages, elle atteint 10,5 %, en progression depuis deux ans notamment en lien avec la hausse des effectifs d’étudiants dans le secteur privé et des frais d’inscription associés. À la rentrée 2022, dernière année avant la mise en œuvre de la revalorisation des bourses de la rentrée 2023, plus de 665 000 étudiants ont bénéficié d'une bourse sur critère sociaux soit une baisse de 7,6 % en un an. Le nombre de boursiers avait connu une première baisse de 3,9 % en 2021‑22. Cette forte baisse signe un retour aux effectifs de BCS antérieurs à l’année universitaire 2015‑16. Au total, l'aide financière et sociale en leur faveur, incluant notamment les allocations de logement et les allégements fiscaux, atteint 6,4 Md€ (hors contribution des différents régimes au financement des assurances sociales des étudiants) (fiche 03).

En consacrant 1,6 % de son PIB en 2020 à l'enseignement supérieur, la France se situe juste au-dessus de la moyenne des pays de l'OCDE (1,5 %) (fiche 02). Elle devance des pays européens comme l’Espagne (1,5 %), l’Allemagne (1,3 %) ou l’Italie (1,0 %) mais est distancée par les Pays-Bas (1,8 %) et le Danemark (1,9 %). Elle se positionne loin derrière les États-Unis (2,5 %), le Canada (2,4 %) et le Royaume-Uni (2,1 %). Les comparaisons internationales doivent cependant être interprétées avec prudence car elles intègrent des structures de financement très disparates.

Le nombre d’étudiants qui a progressé de près de 10 % sur les 5 dernières années se contracte de 1,5 % sur un an

Selon les résultats de la session 2022 du baccalauréat, 666 800 candidats ont obtenu le baccalauréat (fiche 09) en retrait par rapport aux résultats des deux sessions précédentes marquées par la crise sanitaire. La part d'une génération ayant le bac, qui a dépassé 60 % en 1995, atteint 79,6 % en 2022. La quasi-totalité des bacheliers généraux et trois quarts des bacheliers technologiques s'inscrivent dans l'enseignement supérieur ; pour les bacheliers professionnels, dont une majorité se dirige d’emblée vers la vie active, le taux d’inscription dans l’enseignement supérieur est certes inférieur mais il a nettement progressé en 10 ans pour atteindre 46 % en 2022.

La plateforme Parcoursup centralise l’essentiel des démarches d’orientation dans l’enseignement supérieur. Au cours de la campagne 2023, 611 000 élèves de Terminale en 2022‑23 y ont confirmé des vœux (fiche 10). En moyenne, la liste de vœux d’un candidat comporte 13,5 vœux. Cette liste se compose à 35 % de vœux en Licence (dont 4 % en L.AS), 4 % en PASS, 28 % en STS, 11 % en BUT, 6 % en CPGE et 6 % en DE sanitaire et social, les autres vœux étant formulés dans d’autres formations présentes sur Parcoursup. Pour les candidats de terminale générale, la Licence est le vœu le plus fréquent (48 % dont 5 % en L.AS), suivie dans l’ordre d’importance par les BUT (10 %), les CPGE (10 %) et les STS (9 %). Pour les candidats en terminale technologique ou professionnelle, la STS est la filière la plus choisie, représentant respectivement 47 % et 74 % de leurs listes de vœux en moyenne. Le 12 septembre 2023, en fin de procédures principale et complémentaire, 95,2 % des bacheliers inscrits à Parcoursup en phase principale ont reçu au moins une proposition et 82,5 % ont accepté l’une d’entre elles.

À la rentrée 2022, 2 935 000 inscriptions étudiantes (hors inscriptions simultanées en Licence et CPGE ou IFSI) sont recensées dans l'enseignement supérieur (fiche 13). La population étudiante s’est repliée de 1,5 % sur un an mais la dynamique récente est tout de même marquée par une forte croissance. Au cours des 5 dernières années, l’enseignement supérieur a accueilli 245 000 étudiants supplémentaires (+ 9,1 %). Cette évolution résulte essentiellement d’une scolarisation accrue des dernières générations dans l’enseignement supérieur. L’attrait des établissements français pour les étudiants en mobilité internationale explique également une partie de cette progression. On compte ainsi à la rentrée 2023 plus de 310 000 étudiants en mobilité internationale en France (soit plus d’un étudiant sur dix), niveau historiquement haut. Depuis le début des années 2000, c'est l'enseignement supérieur privé qui connaît la plus forte progression de ses effectifs étudiants. Depuis 2017, les effectifs d’étudiants dans l’enseignement supérieur privé ont progressé de 36 % contre 2 % seulement dans le public. L’enseignement supérieur privé accueille ainsi en 2022‑23 plus d’un étudiant sur quatre.

Les bacheliers généraux se dirigent massivement vers l’université et notamment les formations générales et de santé. Viennent ensuite les formations professionnelles courtes (IUT, STS) et les classes préparatoires aux grandes écoles. Tous niveaux de formation confondus, on dénombre ainsi en 2022‑23, 1,598 million d’étudiants à l’université. A l’université, 960 000 suivent un cursus de licence dont 107 000 préparent un DUT/BUT, 583 000 un cursus master et 53 000 préparent un doctorat. 81 000 étudiants sont inscrits en CPGE. Enfin, 850 000 autres se répartissent notamment dans le secteur paramédical et social, les écoles de commerce et de management ou encore dans les écoles d’art.

À l’université, la hausse des effectifs universitaires au cours des cinq dernières années repose essentiellement sur deux groupes disciplinaires « Sciences, STAPS » (+ 6,4 % entre les rentrées 2017 et 2022), « Droit » (+ 3,9 %). À l’inverse, la baisse est très forte dans les parcours d’économie, administration économique et sociale (AES, - 5,8 %).

Rendue possible à partir de 1987, accélérée par la réforme LMD de 2002, la formation par l'apprentissage s'est fortement développée dans l’enseignement supérieur (fiche 20). Depuis 2005, le nombre d'apprentis dans l’enseignement supérieur a été multiplié par 8 et, sur l’année 2022 il progresse encore de plus de 20 % après une progression de 48 % l’année précédente. Tous les niveaux de formation enregistrent une hausse importante : le nombre d’apprentis augmente de 14,1 % pour les STS, 13,1 % pour les Master, 9,6 % pour les diplômes d’ingénieur et 1,5 % pour les Licences. Les autres types de diplômes, notamment les certifications professionnelles délivrées par des écoles privées de l'enseignement supérieur, ont connu une croissance plus importante, avec plus de 63 000 apprentis supplémentaires en 2022‑23 par rapport à l’année précédente (+ 31,7 %). On compte ainsi 576 300 apprentis en 2022, soit 19,6 % des effectifs de l'enseignement supérieur ; la majorité des apprentis (60,4 %) suit désormais une formation dans le l’enseignement supérieur. 31 % des apprentis préparent un BTS, 8 % un Master ou une Licence et 6 % un diplôme d’ingénieur.

Le Doctorat est le diplôme le plus haut délivré dans l’enseignement supérieur. Il constitue également une première expérience professionnelle pour de nombreux doctorants. Les docteurs forment, surtout, le vivier de l’activité de recherche française. Depuis 2000, la formation par la recherche s'effectue au sein d'écoles doctorales ensuite regroupées dans des collèges doctoraux. En 2022, 13 850 doctorats ont été délivrés (fiche 39). Le nombre d’inscriptions en première année de doctorat (15 700 en 2022‑23) se contracte globalement de 1,0 % sur un an et de près de 14 % par rapport à 2011 mais avec de forts contrastes disciplinaires. D’un côté les sciences de la société (droit, économie, gestion, sociologie, anthropologie) et les sciences humaines et humanités (lettres, langues, arts, histoire) reculent respectivement de 33,6 % et de 36,1 % entre 2011 et 2022. De l’autre côté, sur la même période, les Sciences exactes et applications se maintiennent tandis que Biologie, Médecine, Santé progresse de 15,8 % . Au global, si le nombre de Doctorats délivrés a progressé de près de 10,0 % entre 2009 et 2012, il s’est stabilisé depuis 2010 autour de 14 000 en dépit d’une année 2020 en retrait, conséquence de la crise sanitaire.

Une amélioration sensible de la réussite à l’université

La réussite dans l'enseignement supérieur est fortement influencée par les antécédents scolaires des étudiants. C'est notamment vrai pour la Licence générale, le DUT ou le BTS et a fortiori pour le Parcours accès santé spécifique (PASS) ou la Licence accès santé entrés en vigueur à la rentrée 2020 (fiche 22). À l’exception de la Licence professionnelle où le baccalauréat d’origine a peu d’influence sur la réussite, les bacheliers généraux réussissent mieux que les bacheliers technologiques et professionnels.

Seuls 48,3 % des étudiants entrés en Licence en 2017 obtiennent leur diplôme en 3, 4 ou 5 ans (fiche 23). Mais la réussite en Licence s’améliore en tendance avec un taux de réussite en 3 ans pour la cohorte des bacheliers 2019 qui s’établit à près de 34 % en progrès de près de 4 points en 5 ans. Ces taux encore relativement faibles sont liés pour l’essentiel aux abandons à l’issue de la première année de Licence, le cas échéant suivis d’une réorientation vers d’autres filières de formation. La réussite des bacheliers généraux en Licence en 3, 4 ou 5 ans est plus de deux fois plus élevée (57,3 %) que celle des bacheliers technologiques (21,3 %) ou que celle des bacheliers professionnels (9,5 %).

Près de 60 % des diplômés 2022 de Licence poursuivent en Master (y compris Master enseignement). 64 % des étudiants en Master obtiennent leur diplôme en deux ans et un peu plus d'un sur dix en trois ans. Cette réussite est en progrès sensible depuis 2017 et la mise en œuvre de la réforme des Masters.

23,5 % des néo-bacheliers inscrits en première année en PASS ou en L.AS en 2020 accèdent en un an à la deuxième année d’étude de santé. Au final, en un ou deux ans, ils sont près d’un tiers à y parvenir. La réussite des bacheliers technologiques et professionnels dans les études de santé est rare : 2,9 % seulement accèdent à la deuxième année en un ou deux ans. Au contraire, plus d’un tiers des bacheliers scientifiques parviennent en un ou deux ans à rejoindre la deuxième année dans une des filières de santé à l’université.

La réussite est relativement élevée dans les filières courtes d’enseignement supérieur. Ainsi, plus des deux tiers des néo-bacheliers inscrits en STS en 2019 obtiennent leur diplôme en 2 ou 3 ans. En DUT également, la réussite est élevée : près de 80 % des néo-bacheliers inscrits en DUT en 2019 obtiennent leur diplôme en deux ou 3 ans. Cette réussite est contrastée suivant les baccalauréats d’origine. En STS notamment, plus de huit bacheliers généraux sur dix obtiennent leur diplôme en deux ou 3 ans pour seulement sept bacheliers technologiques sur dix et un bachelier professionnel sur deux.

En 2022, on observe que 50,4 % des jeunes âgés de 25 à 34 ans sont diplômés de l'enseignement supérieur, pourcentage relativement stable sur les dernières années. La France se situe trois points au-dessus de la moyenne des pays de l’OCDE. Par ailleurs, sur la période 2018 à 2020, 38 % des jeunes sortants de formation initiale disposent au plus d’un diplôme du second degré et 10 % d’un diplôme national du brevet au plus, quand 28 % sortent diplômés de niveau master, 11 % de niveau licence et 12 % ont validé des études supérieures courtes.

Les milieux sociaux favorisés accèdent toujours beaucoup plus aux diplômes les plus élevés

L’accès à l'enseignement supérieur progresse : en 2022, 50,4 % des 25‑34 ans sont diplômés de l’enseignement supérieur, contre 40,6 % des 25‑64 ans.

Ce contraste concerne tous les milieux sociaux. Dans les catégories favorisées, en 2020, parmi les enfants de cadres ou professions intermédiaires, 65,1 % des 20‑24 ans étudient ou ont étudié dans le supérieur contre 46,3 % des 45‑49 ans ; parmi les enfants d'ouvriers ou d'employés, la progression est un peu plus forte mais le niveau de départ est particulièrement bas : 51,5 % des 20‑24 ans ont fait des études supérieures contre 32,6 % des 45‑49 ans.

L’écart entre ces deux groupes sociaux s'observe également lorsque l'on s'intéresse à la part de diplômés : en moyenne, sur la période 2020‑2022, près de 70 % des enfants de cadres ou de professions intermédiaires sont diplômés du supérieur ; c’est moitié moins pour les enfants d'ouvriers ou d'employés (35 %).

Si les diplômés de l’enseignement technologique court, notamment en STS et en IUT, sont issus dans des proportions équivalentes des différentes catégories socio-professionnelles de la population française, l'université hors IUT et les grandes écoles reflètent une forte distorsion sociale : 41 % des enfants de cadres sortent diplômés d'une grande école ou de l'université à un niveau Bac + 5 ou plus contre un peu plus de 24 % des enfants d'ouvriers et d’employés.

Les jeunes femmes sont nettement plus diplômées que les jeunes hommes, mais leur insertion professionnelle est bien moins favorable

Plus de la moitié des étudiants sont des femmes (57 %). Largement majoritaires dans les filières universitaires de Lettres ou de Sciences humaines (70,6 %) et dans les formations paramédicales ou sociales (86,7 %), les femmes sont minoritaires dans les classes préparatoires aux grandes écoles (41,3 %) et en IUT (39,6 %). En dix ans, leur part a légèrement progressé dans les formations scientifiques à l’université (+ 5,9 points), mais reste encore minoritaire (43 %).

Plus nombreuses dans la population étudiante, les femmes sont également davantage diplômées que les hommes. Dix points les séparent : parmi les femmes sorties de formation initiale entre 2019 et 2021, 57 % ont obtenu un diplôme de l’enseignement supérieur, pour seulement 47 % des hommes. Les femmes diplômées de l’enseignement supérieur détiennent plus souvent un diplôme de niveau Bac + 5 universitaire, alors que les hommes sont plus souvent diplômés de formations courtes (BTS ou DUT).

Cependant, entrées dans le monde du travail, leur situation devient moins favorable. Deux après leur entrée dans le monde du travail, les femmes occupent moins souvent un emploi à durée indéterminée et plus souvent un emploi à temps partiel. Elles occupent moins fréquemment un emploi de cadre. Enfin, les emplois occupés par les femmes jeunes diplômées sont moins bien rémunérés que ceux de leur homologues masculins, les écarts de salaires médians atteignant entre 200 et 300 euros nets par mois suivant le niveau de diplôme.

La place des établissements d’enseignement supérieur (sous tutelle du MESR) dans la formation continue reste extrêmement faible et la validation des acquis de l’expérience est une démarche encore peu répandue

En 2021, la formation continue dans les établissements d’enseignement supérieur a généré un chiffre d'affaires de 472 millions d'euros. Ce sont 324 000 stagiaires des universités, du Cnam et des écoles sous tutelle du MESR qui ont été accueillis et auxquels plus de 102 000 diplômes ont été délivrés. On compte 2 700 bénéficiaires de VAE pour tout ou partie d’un diplôme de l’enseignement supérieur, le plus souvent des actifs occupés, presque tous salariés, et pour deux tiers d’entre eux en entreprise. La licence professionnelle et le master sont les diplômes les plus obtenus en VAE, avec respectivement 30 % et 23 % de bénéficiaires.

La science française dans le paysage mondial de la recherche et de l’innovation

La contribution de la France aux publications scientifiques mondiales est de 2,3 à 2,4 % selon le corpus considéré (fiche 30). Pour la période 2019‑22, la France est le 9e pays participant le plus à des publications scientifiques, loin des États-Unis et de la Chine qui comptent plus de 6 fois plus de publications scientifique mais également de l’Allemagne, du Royaume-Uni et de l’Inde qui émerge comme puissance scientifique (entre 1,5 et deux fois plus de publications scientifiques). L’Italie, le Canada et le Japon devancent légèrement la France qui est suivi par l’Australie et l’Espagne. L’indice d’impact des publications française (de 0,95 à 0,98 suivant le corpus de référence considéré) est proche de la moyenne mondiale loin derrière celui des publications suisses, néerlandaises, britannique, américaines ou australiennes (supérieur à 1,2).

Près de 63 % des publications françaises sont réalisées en coopération avec des scientifiques étrangers ce qui place le taux de co‑publication français parmi les plus élevé au monde (comparable à celui du Royaume-Uni et supérieur à celui de l’Allemagne). Notamment, plus d’un quart des publications françaises associent des scientifiques américains.

Sur la période 2019‑2022, observé au niveau des grandes disciplines, la France présente un profil disciplinaire équilibré. La part des publications de la France en Sciences de la vie et Sciences physiques et ingénierie est similaire à celle du total mondial. La part des publications en SHS est en revanche plus faible en France que dans le monde (fiche 32). Observé au niveau de disciplines plus fines, le profil français est plus complexe. La France apparaît ainsi très spécialisée dans les domaines Étude du passé humain (SH6, indice 1,9), en Science de l’univers (PE9) et Mathématiques (PE1, indices supérieurs 1,8). La part des domaines Biologie cellulaire (LS3), Gènes et génomes (LS2) et Immunité, infection et immunothérapie (LS6) dans les publications françaises est également au-dessus de leur part dans les publications mondiales. L’analyse des profils scientifiques nationaux repose toutefois sur une base de référence qui représente inégalement les différents pays selon les disciplines, et doit donc être appréciée avec prudence.

Dans le domaine très dynamique de la cancérologie (+ 30 % de publications au niveau mondial entre les périodes 2011‑2015 et 2016‑2020), (fiche 52), la recherche française se situe au 8e rang mondial en termes de publications et au 7e en termes d’inventions. Les publications françaises sont plus orientées vers la recherche clinique quand celles de l’Espagne, du Canada, de l’Australie, de la Chine et des États-Unis portent relativement plus sur des thèmes de recherche fondamentale. A la différence du Japon ou de l’Italie dans ce domaine, la France n’est pas spécialisée dans ce domaine (part des publications françaises en cancérologie proche de celle de la France dans l’ensemble des publications mondiales).

La France demeure le second pays bénéficiaire des contributions allouées par l’Union européenne dans le cadre du programme Horizon Europe (fiche 31). Elle se place derrière l’Allemagne et bénéficie de 10,5 % des contributions allouées. Mais, malgré un taux de réussite élevé des propositions impliquant un partenaire français, la sous-représentation de ses équipes dans les propositions ne permet pas à la France de réaliser tout son potentiel dans ce programme. Associé à l’Allemagne dans sept projets sur dix, la France est très présente dans les domaines du nucléaire, des transports et de l’espace.

La France figure encore parmi les grandes nations en matière de brevets (fiche 32). Sur la période 2010‑2021, la France se situe au 6ème rang, après le Japon, les États-Unis, la Chine, l’Allemagne et la Corée du Sud. Cependant, entre les périodes 2010‑2015 et 2016‑2021, la part de la France dans les demandes de brevets passe de 4,0 à 3,4 %. La France est devancée par le Japon, les Etats-Unis, la Chine au très fort dynamisme, l’Allemagne et la Corée du Sud. Les brevets français se concentrent dans le domaine machines-mécanique-transports.

Le taux d’innovation des sociétés implantées en France au cours des années 2018 à 2020 est légèrement supérieur à celui de la moyenne de l’Union européenne (UE27) à champ sectoriel identique (55 % contre 53 %). Mais la France accuse un retard important avec l’Allemagne dont près de 70 % des entreprises sont innovantes (fiche 34). Avec 74 % de sociétés innovantes, le secteur de l’information et de la communication est le plus innovant. Pour soutenir l’innovation, l’État met en œuvre un ensemble de dispositifs d’accompagnement ciblés sur les jeunes entreprises innovantes (4 400 entreprises bénéficiaires de 248 M€ en 2021) (fiche 35), ou au spectre plus large comme le Crédit d’impôt Innovation (10 000 entreprises bénéficiaires de 359 M€ de crédit d’impôt en 2021) (fiche 49).

En France, 665 600 personnes se consacrent à la R&D en 2020

Au total, chercheurs et personnels de soutien confondus, ce sont 6715 00 personnes qui se consacrent en 2021 à la R&D, au moins pour une part de leur activité (fiche 36). Ils représentent au total 496 250 personnes en équivalent temps plein (ETP) dont 334 000 chercheurs (en ETP). Les personnels de recherche ont fortement progressé dans les entreprises entre 2011 et 2021 (+ 26 %) ainsi que dans les établissements d’enseignement supérieur, à la faveur du recrutement d’enseignants chercheurs pour faire face aux afflux d’effectifs étudiants (+ 35 %). En revanche, dans le secteur institutionnel dit de l’État, composé essentiellement des organismes, le personnel de recherche est resté stable. En 2021, 62 % des chercheurs sont en entreprise. Dans ce secteur des entreprises, 5 secteurs d’activité concentrent la moitié de l’effectif en ETP de chercheurs : « Activités spécialisées, scientifiques et techniques » (14 %), « Activités informatiques et services d’information » (13 %), « Industrie automobile » (9 %), « Construction aéronautique et spatiale » (8 %) et « Édition, audiovisuel et diffusion » (7 %). . Entre 2016 et 2021, La croissance des effectifs de recherche est essentiellement portée par les branches de services dont les effectifs progressent 3,8 fois plus vite que ceux des branches industrielles. Si l’on rapporte le nombre de chercheurs à la population active, la France, avec 11,08 chercheurs pour mille actifs en 2021, se place derrière la Corée du Sud, le Danemark, l’Autriche et les Pays-Bas, mais devant l’Allemagne, le Japon et les États-Unis.

La part des femmes parmi le personnel de recherche s'élève à 34 % en 2021 (fiche 37). Elle est plus faible dans les entreprises (25 %) que dans le secteur public (48 %). Elle est également plus faible parmi les chercheurs (30 %) que parmi les personnels de soutien (43 %). Pour plus d'un chercheur sur deux en entreprise en 2021, le diplôme d'ingénieur est le diplôme le plus élevé. En revanche, seuls 11 % des chercheurs en entreprise disposent d'un doctorat. Dans le secteur public, depuis 20 ans, la place des femmes s'est renforcée au sein de la population des enseignants-chercheurs, mais le mouvement reste lent pour les postes de plus haut niveau. En 2022‑23, elles représentent 45 % des maîtres de conférences mais seulement 29 % des professeurs d'université.

Un effort de recherche reposant pour les deux tiers sur les entreprises

La dépense intérieure de recherche et développement en France s'est élevée en 2021 à 55,5 Md€ et représente 2,22 % du produit intérieur brut (PIB) (fiche 41). La France se situe à la 5e place parmi les six pays de l’OCDE les plus importants en termes de volume de la dépense intérieure de R&D (DIRD), derrière la Corée du Sud (4,931 %), les États-Unis (3,45 %), le Japon (3,30 %), l'Allemagne (3,12 %) et le Royaume-Uni (2,92 %). La France se situe devant le Canada (1,69 %), l’Italie (1,46 %) et l’Espagne (1,43 %). En 2022, en raison de la hausse des dépenses de R&D des administrations (+ 0,3 %) et de celle des dépenses des entreprises (+ 0,6 %), la DIRD atteindrait 57,4 Md€, en faible progression de 0,5 % en volume. Cependant, du fait de la vive augmentation du PIB (+ 2,5 %), l’effort de R&D serait de 2,18 % du PIB, contre 2,22 % en 2021.

L'effort de recherche est surtout le fait des entreprises qui, en 2021 exécutent près des deux-tiers (65,7 %) des travaux de R&D réalisés sur le territoire national pour un montant de 36,5 Md€. Les dépenses de recherche des entreprises ont progressé beaucoup plus vivement que celles du secteur public au cours des dix dernières années, à la faveur notamment de la réforme du crédit d'impôt recherche (CIR). Les entreprises financent 60 % des travaux de R&D en 2021. La dépense intérieure de recherche du secteur public s'élève à 19,0 Md€ en 2021 reposant majoritairement sur les organismes de recherche (52 %) mais aussi fortement sur les établissements d'enseignement supérieur et les CHU (42 %). Ce partage reste cependant une approche quelque peu théorique dans la mesure où l’essentiel de la recherche publique est conduit dans des unités mixtes de recherche associant les deux catégories d’organisations.

Les PME représentent 18 % des dépenses intérieures de R&D des entreprises, dont plus de 60 % en faveur des activités de services (fiche 45). Les grandes entreprises, à l'origine de 54,1 % de la dépense intérieure de R&D des entreprises (DIRDE), réalisent près des trois-quarts de leur effort en haute et moyenne-haute technologie. Les dépenses intérieures de R&D des entreprises se concentrent ainsi à 53 % sur six branches de recherche : les activités spécialisées, scientifiques et techniques (11 % de la DIRDE), l’industrie automobile (11 %), la construction aéronautique et spatiale (9 %), les activités informatiques et services d’information (8 %), l’industrie pharmaceutique (8 %) et l’industrie chimique (6 %). Par ailleurs les entreprises ont consacré une part non négligeable de leur DIRD à des domaines transversaux comme les biotechnologies (fiche 53), l'environnement (fiche 54), l’agriculture (EESR17_R_55), ou le numérique (fiche 51).

Les entreprises sont soutenues dans cet effort par l'État via des aides directes, des coopérations avec les organismes publics dans les domaines civils ou militaires et des dispositifs fiscaux comme le crédit d'impôt recherche (CIR) ou le statut de jeune entreprise innovante (JEI) (fiche 49 et fiche 35). En 2021, 11 % des travaux de R&D des entreprises sont financés par des ressources publiques et la créance du CIR (au titre de la R&D, de l’innovation et des collections) atteint à 6,8 Md€ en 2021. La France de ce point de vue ne se distingue pas des autres pays de l'OCDE où les dispositifs fiscaux de soutien à la recherche privée se développent, traduisant une concurrence accrue entre pays pour attirer les activités de R&D des entreprises. Les collectivités territoriales participent aussi à l'effort de recherche notamment en finançant des opérations immobilières ou des transferts de technologie : en 2020, leur budget de recherche et de transfert de technologie (R&T) est estimé à 680 M€ (fiche 50).
 
 


Emmanuel Weisenburger (SIES A2.4)

 
01
les étudiants inscrits dans l'enseignement supérieur en 2022-23
Source MESR-DGESIP/DGRI-SIES

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02
les effectifs de chercheurs en 2021
Source MESR-DGESIP/DGRI-SIES

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Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche